Du Jardin à la Garde-Robe : Le Pouvoir de l’Indigo
Le workshop d’Amandine Brun-Sauvant sur la teinture à l’indigo nous donne l’occasion de parler de cette plante venue de contrées lointaines qui avec le temps a remplacée le pastel ou guède ( Isatis tinctoria ) qui était cultivé dans les régions textiles d’Europe durant le Moyen-Age et la Renaissance.
L’indigo possède des pigments beaucoup plus actifs ce qui explique pourquoi il a rapidement supplanté le pastel des teinturiers.
C’est un petit arbuste originaire d’Inde d’où son nom. L’indigotier est une plante tropicale de la famille des Fabaceae (légumineuses). Plante vivace ou annuelle à tige unique et cylindrique droite ou rampante, elle atteint, à sa maturité, un à deux mètres de haut. Ses fleurs en grappes roses, rouges, blanches ou bleues, exhalent une forte odeur. Elles attirent les insectes et particulièrement les abeilles. A maturité, elles se transforment en gousse contenant des graines. Ses feuilles oblongues sont utilisées par macération pour produire une teinture bleue des tissus nommée indigo.
La substance extraite des feuilles d’indigo doit s’oxyder à l’air pour former ce colorant qui est insoluble et peut donc être facilement isolé. Par un traitement chimique on transforme l’indigo en une forme dérivée qui, soluble dans l’eau, est capable de se fixer sur les fibres de l’étoffe. Lorsque le tissu est retiré du bain, l’oxydation par l’air transforme à nouveau le dérivé en indigo.
Les anciens devaient utiliser des agents naturels (sucre, chaux, urine) et des procédés qui se distinguaient par une odeur repoussante et valaient aux teinturiers une certaine impopularité. C’est pour cette raison qu’en 1587 la reine Élisabeth fit interdire la préparation du pastel à moins de cinq milles de Londres. Dans l’une des étapes de la fabrication, les feuilles étaient broyées et formaient une pâte (d’où pastel) qui était ensuite pressée en boules de 15 cm de diamètre qu’on appelait cocaignes ou cocagne. Le nom de pays de cocagne est par la suite resté dans la langue française pour désigner un pays riche.
Depuis le XVIIe siècle, l’indigo est importé d’Inde puis d’Amérique ce qui va bouleverser l’économie. En 1609 Henri IV, réagit en interdisant l’indigo d’importation sous peine de mort. Au Bengale la culture de l’indigotier avait prospéré au point de concurrencer la culture du riz et provoqué une disette.
La première synthèse industrielle de ce colorant date de 1897. À cette date, l’Allemagne en importait 1400 tonnes, en 1904 elle en exportait 9000 tonnes. Actuellement la production annuelle mondiale est de 14000 tonnes. Le marché du blue-jeans consomme 99% de cette production.
Mais comme vous le savez peut-être les teintures synthétiques sont très polluantes, c’est pourquoi l’entreprise française Synovance travaille actuellement sur une alternative écologique et biosourcée. En savoir plus ici !
Pour en savoir plus et expérimenter la teinture à l’indigo ou découvrir d’autres plantes tinctoriales n’hésitez pas à vous inscrire à nos ateliers !
Aller plus loin :
Indigo de Catherine Legrand
Le travail d’Aboubakar Fofana est très intéressant également, il s’est spécialisé dans la teinture à l’indigo. https://www.aboubakarfofana.com
Bleu de Michel Pastoureau