Stéphanie Vilayphiou : Stri-p-ped out
Designer graphique et développeuse web durant quinze ans, Stéphanie Vilayphiou a graduellement dévié sa trajectoire vers le design textile. Son expérience du design, de la typographie et du code se retrouvent aujourd’hui dans sa pratique textile. Intéressée par toutes techniques, elle en revient toujours à la maille : tricot main, machine à tricoter
domestique et plus récemment machine à tricoter semi-industrielle. Ces deux derniers procédés lui permettent de tricoter automatiquement des images préparées numériquement, parfois par de la programmation. Elle interroge par ce biais le lien direct, souvent oublié, entre textile et numérique.

Test de reconnaissance faciale sur Google Images.

Prototypes réalisés sur des poupées de récupération.
Stri-p-ped Out est une série de vêtements pour tromper la reconnaissance faciale des caméras de surveillance. L’idée n’est pas tellement de commercialiser une collection de mode pour pouvoir toustes se camoufler, mais plutôt de sensibiliser les citoyen.nes aux dérives numériques. À l’heure d’une hypersurveillance dans les espaces privés, mais aussi les espaces publics, il faut se questionner sur la pertinence et la réelle utilité de tels dispositifs. La protection, soi-disant née de bonnes intentions, peut vite glisser en privation de libertés.
La mercerie de deuxième main de Green Fabric a permis de dénicher des matériaux de récupération (tissus, fils, étiquettes) pour l’entièreté des prototypes et objets finaux.
L’artiste a réalisé des prototypes à l’échelle de poupées en dessinant ou en imprimant sur du tissu. Les vêtements finaux ont ensuite été fabriqués sur Kniterate, une machine à tricoter semi-industrielle. Celle-ci permet de tricoter des motifs sans flotté à l’arrière (ces flottés sont ingérables pour produire du vêtement), elle était donc indispensable à l’élaboration du projet. Les tests de reconnaissance faciale ont été réalisés sur le logiciel OpenCV en utilisant l’algorithme HaarCascade qu’on retrouve dans la plupart des logiciels de ce type. Mais la technologie évolue sans cesse et il est naïf de penser qu’on pourra toujours échapper à la surveillance.

Hachures dessinées sur Inkscape, tricoté avec Kniterate.
Modèle : Élodie Goldberg

Visualisation de données, ratios CCTV/population, CCTV/surface, CCTV/criminalité pour cinq villes européennes, tricoté sur Kniterate.
Modèle : Élodie Goldberg
Les œuvres ont été montrées sous forme d’installation où le public pouvait essayer les vêtements devant une caméra et un vieux ter- minal de type télé-surveillance afin de tester l’efficacité du camouflage. Le projet d’installation initial prévoyait que chaque personne puisse peindre son propre t-shirt de camouflage afin de disséminer la problématique.
Cet aspect du projet a été mis de côté par manque de temps mais n’attend qu’une nouvelle opportunité pour être réalisé.
Site du projet class.textile-academy.org/2024/stephanie-vilayphiou
Mail stephanie@stdin.fr
Mastodon, pixefeld @vvvvvilay@post.lurk.org
Site gitlab.com/svilayphiou
Avec le soutien du réseau des fablabs bruxellois