Ivan Murit et Romain Marula : Coding = painting
Dans le cadre de cette résidence à Green Fabric, Romain Marula et Ivan Murit (le duo Ivro, basé à Paris et Bruxelles) ont décidé de prolonger leur projet Coding=painting.
Née en 2020, cette idée se déclenche par l’envie d’intéresser les étudiant.es d’un cours de culture numérique dans l’orientation peinture d’une école d’art supérieure. Ces étudiant.es n’ont au premier abord pas d’intérêt pour le numérique. Ce moment pose la question : quelles relations entretiennent le numérique et la peinture ? Des termes partagés comme composition, couche, structure, contraste, description, procédé, support, canevas, etc. nous indiquent une connexion, qui se voit précisée en s’intéressant à l’art protocolaire (réalisations suivant des instructions précises énoncées par l ’artiste). Les Wall Dlawings de Sol LeWitt ou les Pastel Wall Dlawings de David Tremlette sont des exemples majeurs d ’un tel lien.
Cette recherche a donné lieu à une pratique régulière de peinture avec du code en se concentrant sur des considérations picturales et esthétiques. Elle se réalise en suivant un protocole très simple : ne pas coder plus de cinq minutes, partir du code de la version précédente et découvrir le résultat au moment de l’impression.
Ce travail a ouvert un questionnement sur l’accessibilité du code, son aspect esthétique et expérimental. En effet, c’est aussi une manière de réintroduire une proposition de pratique du web originale dans la lignée du NetArt : une manière de voir le code autrement que compliquée et fastidieuse.

Impression textile sur tissu en coton.

Test d’impression textile sur maille
Les artistes revendiquent le code comme outil de création de forme et comme une proposition de réappropriation de ces espaces (les navigateurs web) devenus consultatifs par leur usage banalisé. La notion centrale reste le procédé du transcodage : passage du code vers l’image, puis finalement vers l’impression. (Code > Image > Objet). Ce procédé de traductions automatisées passant entre les données numériques et analogues entraîne inévitablement des altérations, que ce soit le changement colorimétrique, l’adaptation des éléments au format, la trame de l ’imprimante, la trame du textile, etc. Ces bugs sont généralement vus comme des défauts à minimiser.
Cependant, durant cette résidence à Green Fabric, Ivro a cherché à mettre ces altérations en valeur pour leurs qualités picturales ou esthétiques et car elles révèlent ou racontent une histoire technique. Le duo souhaite prolonger cette recherche de relation ou de friction entre le langage descriptif et son exécution.
Avant cette résidence, l’étape de l’impression se limitait à des tirages sur des imprimantes jet d ’encre. Travailler à Green Fabric a permis de produire des impressions textiles donnant
plus de matérialité que le papier. Ce fut aussi l’occasion d ’élaborer ce dernier passage entre les données de l’image envoyées par l’ordinateur, que ce soit en bitmap ou en vectoriel, vers la matière lors de l ’impression.

Gravure laser sur tissu en coton
Lors de cette résidence, Romain et Ivan ont travaillé à partir de la découpeuse laser, l’imprimante textile ou la maille jacquard, afin de mettre en valeur les défauts de trans-
codage de ces peintures et en pousser les caractéristiques picturales. Poursuivre ce travail par des expérimentations textiles leur a permis de trouver du sens : que ce soit
avec le textile, qui, par sa nature discrétisée et son histoire entre en résonance avec le pixel, ou avec la toile qui reste un support iconique en peinture.

Gravure laser sur tissu polyester

Code source CSS de la peinture
Avec le soutien de la Commission Arts Numériques, Fédération Wallonie-Bruxelles.