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Jeanne Rochedieu-Neboit : Thread2print

Jeanne Rochedieu-Neboit est une artiste-designer multimédia. Son travail explore la construction d’un langage spécifique de la fabrication technique, à partir de l’observation des tensions entre savoir-faire artisanal et pratiques façonnées par les outils numériques et l’industrie. Si sa formation est principalement marquée par le design textile et les matériaux —avec une spécialisation en machines à tricoter, c’est avant tout le processus de traduction généré par les nouveaux outils numériques qui l’intéresse, ainsi que les potentiels créatifs qu’ils offrent. Elle aime passer d’une machine à une autre, quel que soit leur type, et expérimenter ce que chacune permet de produire ou détourner.

Parallèle entre deux types d'impressions additives (PLA et fil tricoté).Capture d’écran, vidéo du projet final.

Parallèle entre deux types d’impressions additives (PLA et fil tricoté).
Capture d’écran, vidéo du projet final.

 

Introduction.Capture d’écran, vidéo du projet final.

Introduction.
Capture d’écran, vidéo du projet final.

Test de tricot de modèle 3D sur machine domestique.Capture d’écran, vidéo du projet final

Test de tricot de modèle 3D sur machine domestique.
Capture d’écran, vidéo du projet final

Durant sa formation Fabricademy, elle a développé le projet Thread2Print qui nous invite à considérer la machine à tricoter comme une imprimante 3D. Si l’on observe
le fonctionnement d’une machine à tricoter, on remarque que son système de fabrication est similaire à celui d’une imprimante 3D : alimentée par un fil, la machine produit des matériaux, des surfaces ou des volumes qui se révèlent couche par couche. Apparues en 1976, les machines à tricoter domestiques étaient présentes dans les foyers bien avant les imprimantes 3D. Pourtant, tout leur potentiel a été ignoré par le grand public.
Les machines à tricoter sont capables de produire n’importe quelle forme ou structure complexe, mais cette technique, en tant que pratique artisanale, est souvent associée aux grands-mères et perçue comme un loisir. Il est en effet rare de trouver des machines à tricoter dans les espaces numériques comme les fablabs, alors même qu’elles représentent une véritable révolution dans la fabrication numérique douce.

Écriture d'un script transformant le fichier .kcode en un fichier visuel et lisible.Capture d’écran, vidéo du projet final.

Écriture d’un script transformant le fichier .kcode en un fichier visuel et lisible.
Capture d’écran, vidéo du projet final.

Modélisation 3D.Capture d’écran, vidéo du projet final.

Modélisation 3D.
Capture d’écran, vidéo du projet final.

Test de tricot Kniterate du modèle 3D.Capture d’écran, vidéo du projet final.

Test de tricot Kniterate du modèle 3D.
Capture d’écran, vidéo du projet final.

Dans ce projet, Jeanne interroge notre rapport aux machines à tricoter à l’ère de la fabrication numérique. Elle explore une alternative aux machines industrielles coûteuses (type Shimaseiki, Stoll ou Kniterate), souvent associées à des logiciels propriétaires opaques, à un fonctionnement verrouillé et à une absence de véritable maîtrise par l’utilisateur.ice.

À contre-courant, elle choisit de s’approprier les machines à tricoter domestiques et d’en faire un terrain d’expérimentation libre et open source.
Cette approche lui permet de reprendre le contrôle sur l’outil, le processus et la matière produite, tout en ancrant sa démarche dans une économie plus lente et décentralisée.
Au cœur du projet : le langage knitout, un format développé par le Textiles Lab de Carnegie Mellon pour simplifier et universaliser le langage des machines à tricoter. Grâce à des outils comme Autoknit —qui traduit des fichiers 3D (.obj) en instructions knitout, Jeanne démontre que les machines à tricoter sont, elles aussi, des imprimantes 3D à part entière.
Son ambition est d’adapter cette méthode de tricotage 3D aux machines domestiques, en ouvrant ses recherches à une communauté textile souvent ignorée des fablabs. Elle travaille également sur la visualisation des instructions knitout, dans une volonté de rendre ce langagelisible et compréhensible par les humains, pas seulement par les machines.
Ce projet est aussi une réflexion sur le temps et la relation corps-machine : en ralentissant le processus, Jeanne crée un espace d’interaction plus sensible et collaboratif avec la machine, loin des logiques de domination et d’immédiateté.
Elle pose ainsi un geste fort : intégrer pleinement les outils textiles dans les espaces de fabrication du futur.

« Tricoter est un art, tout comme résoudre des problèmes ». Capture
d’écran, vidéo du projet final.

« Tricoter est un art, tout comme résoudre des problèmes ».
Capture d’écran, vidéo du projet final.

Site du projet class.textile-academy.org/2025/jeanne-neboit
Instagram @jeanniale_